Un loft new-yorkais gigantesque, avec plus d’étages qu’on n’en peut
compter et sur une table, venue tout droit d’un Apple Store, un écran
externe, un MacBook Pro
et un boîtier eGPU. C’est à quelques détails près la première chose
qu’on a entraperçue en sortant de l’ascenseur en ce 11 juillet 2018. Le
boîtier eGPU était inconnu, mais le MacBook Pro lui était tel que dans
nos souvenirs, comme celui qu’on portait dans notre sac à dos. Et pour
cause, la mouture 2018 est une copie conforme de ses deux aînées. Même
boîtier, même connectique, même difficulté voire impossibilité de la
faire évoluer a posteriori, et, enfin, même impression de qualité et
finition impeccable. On ne change rien !
01net.com - Lionel Morillon
- Nouveau MacBook Pro... même boîtier.
Constance…
Pourtant, un représentant d’Apple nous indiquait en guise de
préliminaire à une présentation que sa société avait entendu les
remarques, regrets et plaintes de ses utilisateurs. Ne cherchez pas pour
autant de lecteur de carte SD ou de ports USB-A. De toute évidence,
cela fait partie du passé et si la société de Cupertino veut bien
entendre les revendications, elles doivent entrer dans sa vision d’un
futur, faite d’un minimum de concessions et de choix technologiques.
C’est comme ça qu’on mécontente parfois ses fans. C’est aussi comme ça
qu’on fait avancer les choses, en forçant la marche d’un certain
progrès.
Puisque Apple écoute, glissons
donc un mot sur l’écran. Il est toujours aussi lumineux (486 cd/m2) et
contrasté (1500:1). Ses couleurs sont toujours aussi glorieuses et
détaillées et l’ajout de la technologie True Tone rend l'affichage
encore plus confortable. Sans les ajustements de cette technologie, la
dalle offre un gamut particulièrement large et surtout une fidélité
colorimétrique de haut niveau. Le delta E mesuré par nos soins est de
0.91. Pour aller au plus vite, tout ce qui est en dessous de 1 est
exceptionnel.
01net.com - Lionel Morillon
-
On ne dira jamais assez de bien
de la dalle Retina, dont on peut ajuster la définition afin de gagner en
espace de travail ou en confort. Néanmoins, il nous semble qu’avoir
d’aussi grosses bordures, en 2018, sur un portable haut, voire très haut
de gamme, commence à frôler le mauvais goût. Il n’est pas question de
supprimer ce repère visuel, on en a besoin pour asseoir et encadrer le
regard, mais la tendance est au bord à bord, que diable ! Et Apple l’a
compris pour l'iPhone X. Alors l’année prochaine, on s’en débarrasse, d’accord ?
… ajustement…
Laissons maintenant dériver notre regard vers le bas, pour embrasser la Touch Bar et le clavier. Ces derniers mois, Apple a reconnu un problème sur la génération précédente
de son clavier à touches papillon. Avant de partir à l’assaut du monde,
ce MacBook Pro 15 pouces a donc eu droit à une troisième itération,
donnée pour être plus silencieuse et pour mieux résister à la poussière,
aux miettes et autres tranches de salami qu’on retrouve souvent dans ce
genre d’endroit.
Pour ce qui est la résistance aux intempéries de la vie, il faudra
évidemment attendre que le temps fasse son office. On ne pourra donc
juger de l’efficacité du nouveau clavier que dans quelques semaines,
mois… années ? En revanche, pour l’autre nouveauté, le silence, il est
possible de trancher dès maintenant.
MacBook Pro 2017 vs 2018 : comparatif sonore des claviers
MacBook Pro 2017 vs 2018 : comparatif sonore des claviers
Si vous tapez doucement sur les
touches – et pas comme un sonneur, comme c’est notre cas, vous noterez
sans doute une diminution de quelques micro-décibels. Mais pas assez
pour pouvoir travailler de nuit à côté de quelqu’un qui essaie de
s’endormir – nous avons essayé. Dans les faits, il nous semble que
davantage que le bruit émis, c’est la sonorité un peu dure, métallique,
qui est réduite. La fine couche de silicone, étendue sous les touches,
amortit leur course. Le toucher paraît ainsi plus souple et le bruit
plus assourdi. Le confort de saisie lui demeure incroyable. Difficile de
faire machine arrière une fois qu’on y a goûté.
…et continuité sous contrôle
Intéressons-nous pour finir sur ce point à la Touch Bar. La
concernant, nous sommes toujours dans l’expectative et une certaine
incertitude. Il y a là évidemment une bonne idée ou en tout cas une
bonne intention, mais la pertinence de l’offre fluctue énormément en
fonction des cas d’utilisation. Parfaite à un instant T parce qu’elle
fluidifie une action en affichant les bons raccourcis, elle agacera cinq
minutes plus tard car elle obligera à réaliser deux petites actions
plutôt qu’une. Difficile de s’enthousiasmer ou de la dénigrer
totalement. Puisqu’elle est a priori là pour rester – et bénéficie, elle
aussi, de la technologie True Tone –, on devrait avoir le temps
d’arrêter cet avis tidal.
01net.com - Lionel Morillon
- La Touch Bar... révolution en attente de sens ?
Mais la Touch Bar, c’est aussi le
bouton Touch ID. Il est toujours là pour nous identifier du bout du
doigt. Il fonctionne toujours aussi bien et est désormais supervisé par
une nouvelle puce, l’Apple T2. Introduite avec l’iMac Pro en décembre
dernier, elle endosse un nombre de rôles très variés. Elle ouvre la
porte du fameux Dis Siri aux Mac, plus besoin de raccourcis
clavier pour interpeller l’assistant et lui demander de l’aide. Si vous
êtes un aficionado, vous devriez apprécier.
Mais la T2 va bien plus loin. Elle sécurise ainsi le lecteur
d’empreintes digitales mais aussi les deux modules SSD embarqués. Elle
contrôle aussi le boot et l’intégrité du système, chiffre les
données à la volée (sans ralentir la machine) et s’assure également que
le stockage tienne les meilleurs débits possibles. Une sacrée
responsabilité pour un résultat… épatant.
01net.com - Lionel Morillon
- La puce T2, discrète mais essentielle.
Un stockage ultra-rapide
Nous avons déjà abordé ce point très en détails,
contentons-nous de faire un rapide résumé. Le MacBook Pro 15 pouces est
clairement une machine tournée vers la manipulation de gros fichiers
(vidéos 4K, gros ensembles de données scientifiques, projets de
développement ambitieux, etc.). Les modules SSD retenus et l’adoption du
système de fichiers APFS jouent dans ce sens. C’est donc assez
logiquement que son stockage (2 To en l’occurrence, fournis par Toshiba,
pour un maximum de 4 To) offre ses meilleurs débits quand on s’attaque à
de la 4K ou des éléments de belle taille. Le cap des 3 Go/s est franchi
avec une régularité et une stabilité assez impressionnante. En
l’espèce, le MacBook Pro 15’’ 2018 fait mieux que son prédécesseur, qui
était déjà au-dessus de la mêlée.
On notera juste que lors de nos tests le MacBook Pro 2017
offrait de meilleurs débits avec de petits fichiers. Un détail qui peut
avoir son importance si vous transférez ou dupliquez beaucoup de
documents légers.
Quoi qu’il en soit, dans ce domaine, le MacBook Pro 15’’ fait
quasiment jeu égal avec l’impressionnant iMac Pro, qui est désormais le
sommet de référence dans le monde Apple.
Pour accompagner ce stockage de haut vol, Apple a choisi la dernière
génération de processeur Intel, des Core i7 et i9 de huitième
génération. Ce que le fondeur de Santa Clara a de meilleur en quelque
sorte. Le modèle que nous avons reçu pour test est le haut de gamme,
avec ces 32 Go de RAM (DDR4, une première réservée aux modèles 15’’) et
son Core i9 à 2,9 GHz.
En juillet dernier, nous avions publié le détail de nos tests de performances, au cours duquel nous n'avions pu que regretter que ce MacBook Pro soit lui aussi victime d'un mal endémique : le throttling.
Autrement dit, quand le processeur est très sollicité, il chauffe et
réduit donc la voilure, n'apportant plus les performances promises.
Depuis Apple a travaillé à un patch et l'a publié. Nous l'avons donc
appliqué sur notre machine et relancé tous nos tests. Pour quel résultat
?
01net.com
- En enchaînant deux
ou trois tests avec Cinebench, avant le patch, on remarquait un
échauffement rapide du processeur, qui bridait alors sa fréquence de
fonctionnement.
01net.com
- Après application
de la mise à jour, le même exercice aboutit à une fréquence constante.
Les effondrements correspondent à la fin du test avant qu'il ne soit
relancé...
Nous y reviendrons en détails
dans les lignes qui suivent mais trois constats peuvent être faits
d'emblée. Le premier est qu'il n'y a plus d'effondrement de la fréquence
de fonctionnement du processeur quand la charge est lourde et l'effort
demandé long.
La seconde est qu'en fonction des cas de figure, le throttling,
la réduction de la fréquence du processeur, peut être utilisée pour
éviter un échauffement trop important. Néanmoins, il est alors encadré.
D'emblée le processeur se cale à une fréquence un peu moindre, 2,4 GHz,
par exemple, au lieu de 2,9 GHz et plus. Elle sera ensuite maintenue
tout au long de la tâche demandée.
Enfin, nous n'avons pas relevé de modification gênante dans le
comportement des ventilateurs. Ils se mettent peut-être en branle un peu
plus tôt et soufflent un peu plus mais rien de dramatique ou de
rédhibitoire.
Ces précisions liminaires apportées, avançons. Equipé de ce
processeur, le MacBook Pro 15’’ gagne en puissance, c’est une évidence.
Si le fait de savoir qu’il est capable de jongler avec neuf flux
vidéo 4K ProRes simultanément contre cinq précédemment ne vous suffit
pas, un outil de bench comme Geekbench le démontre en quelques minutes.
Le potentiel est monstrueux.
Quand on se lance dans de l’usage
lourd, quotidien et professionnel, on observe effectivement ce gain
indiscutable. Le Turbo Boost permet au processeur de monter à plus de 4
GHz quand on le sollicite vraiment. Même si ce surcroît de vitesse ne
peut être tenu longtemps.
Quoi qu'il en soit, lors de nos tests avec After Effects, nous avons
ainsi constaté que le nouveau MacBook Pro est quatre fois plus rapide
que son aîné. Un bond en avant gigantesque qui mérite qu'on s'y arrête à
plus d'un titre. Ainsi, lorsque nous avions effectué ce même test avant
l'application du patch, nous avions enregistré des performances 2,5
fois plus rapides. Cela veut dire que le MacBook Pro 15 pouces 2018 sans
son patch tapait déjà très haut, mais qu'il est désormais encore plus
impressionnant. Tout ça parce que son processeur tient mieux la charge.
Avec Final Cut Pro, on observe la même tendance. Avant le patch, le
nouveau MacBook Pro 15 pouces était 2,55 fois plus rapide, une fois mis à
jour, ses performances sont multipliées par plus de quatre dans le
cadre de notre test. Les gains observés dans d’autres applications comme
Photoshop sont notables également (environ 20%) mais n'ont pas varié
après l'application du patch.
Dans certains usages, le MacBook
Pro flirte même avec l’iMac Pro, qui le domine malgré tout
systématiquement. Pour donner un référent peut-être plus parlant et
connu, le MacBook Pro 15’’ 2018 se situe entre le monstre qu’est l’iMac
Pro et l’iMac 5K (Core i5) lancé en juin 2017… Pas mal pour une
plate-forme portable.
En juillet dernier, on en arrivait à se demander s'il ne fallait pas
recommander aux utilisateurs de se tourner vers la version Core i7 à 2,6
GHz du MacBook Pro. La question n'a désormais plus de raison d'être. Le
Core i9 tient bien la route et place la barre très haut. Avec son
correctif, Apple a réussi, non pas à supprimer le throttling, qui est
autant lié à l'architecture Core qu'à sa volonté de proposer des
boîtiers toujours plus compacts, mais il en a endigué les effets
néfastes.
La carte graphique, du mieux... sans plus
Du côté des performances graphiques, Apple n'a pas réalisé le même
saut en avant. La société de Cupertino a mis à jour en douceur la carte
graphique introduite l’année dernière. On trouve ainsi une Radeon Pro
560X, avec 4 Go de mémoire, en lieu et place d’une Radeon Pro 560 (que
nous avions également testée avec 4 Go).
Le MacBook Pro qui a tendance à être généralement plutôt discret se
met à brasser de l'air dès qu'on fait appel à cette carte qui n'est
clairement pas la plus économe en énergie du marché. Il n’y a pas de
mystère, elle chauffe elle aussi quand on la sollicite. Comme un
Français après les fêtes, tout ce petit monde peine à évacuer ses
calories. La carte graphique puissante, mais clairement pas destinée aux
joueurs exigeants, apporte un peu plus de performances que le modèle de
l’année dernière.
De quoi permettre des rendus 3D, de faciliter des calculs
scientifiques, évidemment, mais dans une certaine limite. Celle d'une
plate-forme qui reste un ordinateur portable.
Ceux qui veulent beaucoup plus de
puissance ont désormais une nouvelle option. Outre les classiques iMac
ou Mac Pro, ceux qui veulent vraiment bénéficier de puissance graphique
pourront toujours, s’ils en ont les moyens, se tourner vers un boîtier
eGPU, qui externalise la carte graphique et sa dissipation de chaleur.
Une sacrée promesse rendue possible, en théorie, par la présence des
quatre ports Thunderbolt 3, au format USB-C, avec les débits que cela
permet : 40 Gbit/s !
Autonomie, assurer les bases…
Lors de l’introduction des nouveaux MacBook Pro, un représentant
d’Apple nous lâchait incidemment que pour compenser la consommation
électrique accrue de la mémoire vive, de la DDR4 et non plus de la DDR3,
la batterie des 15 pouces avait été revue à la hausse.
Pas sûr que, comparée au Core i9, la RAM soit la plus grosse
consommatrice d’énergie. Une chose est certaine en tout cas, l’autonomie
polyvalente que nous avons mesurée est en légère baisse par rapport à
celle enregistrée l’année dernière.
Avec 8h28, le MacBook Pro perd
une petite demi-heure par rapport à son équivalent 2017. Rien de
catastrophique, on est loin de la mauvaise surprise du modèle 2016 qui
étrennait le nouveau design d’Apple. Pour autant, la concurrence propose
des portables qui passent le cap des dix heures. C’est notamment le cas
du Surface Book 2 15 pouces, de Microsoft, qui inscrivait un très satisfaisant 11h32 à son palmarès dans les mêmes conditions.
Fiche technique Apple MacBook Pro 15 pouces Core i9 2,9 GHz
+ Le clavier toujours aussi confortable (et plus durable ?)
+ Le Core i9 et la gestion du throttling
+ Le stockage confortable et ultrapide
+ La finition générale
Les moins
- La carte graphique
- L’impossibilité de le faire évoluer
- L'autonomie polyvalente en légère baisse
- Le prix
Le verdict du test
Apple MacBook Pro 15 pouces Core i9 2,9 GHz
En adoptant la huitième
génération de Core d’Intel, Apple adopte sa puissance mais réussit
finalement à en éviter la principale faiblesse. Côté GPU, si on rêve de
voir Nvidia remplacer AMD, les performances sont néanmoins au
rendez-vous. Design, séduisant et relativement endurant, le MacBook Pro
15 pouces endosse, une fois encore, le statut de machine exceptionnelle,
par bien des aspects. A commencer par son prix.
Test : Apple MacBook Pro 15 pouces 2018, six cœurs pour une avalanche de puissance
Reviewed by Unknown
on
يناير 10, 2019
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